Certaines n'avaient jamais vu la mer/ Julie Otsuka
En 1919, un bateau quitte le Japon avec à son bord plusieurs dizaines de jeunes femmes "promises" à des compatriotes travaillant aux États-Unis, des hommes qu'elles ne connaissent pas, dont elles n'ont vu que la photo.
Citadines ou paysannes, jeunes filles à peine sorties de l'enfance ou veuves, certaines laissant derrière elles de lourds secrets, elles aspirent toutes à une vie meilleure. Après une éprouvante traversée de trois semaines dans l’océan Pacifique, elles rencontrent pour la première fois à San Francisco leurs futurs maris. Celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui auquel elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir. Fumiko, Katsuno, Hanako... vont connaître de cruelles désillusions. Julie Otsuka mêle leurs voix, entêtantes, puissantes, en un "nous" incantatoire. Elles racontent leurs misérables vies d’exilées, leurs nuits de noces souvent brutales, leurs journées de travail harassantes dans les champs, l'apprentissage difficile d'une langue inconnue, la naissance de leurs enfants, la xénophobie et l’humiliation … Une véritable clameur jusqu’au silence de la guerre et la détention dans les camps d'internement, tout Japonais vivant en Amérique étant considéré comme traître. Bientôt, l’oubli l'emportera, comme si elles, leurs époux et leurs progénitures n’avaient jamais existé.
Un court roman choral, envoûtant et superbe. (cf blog du Monde)
A propos de l'auteur:
Julie Otsuka est née en 1962 en Californie. Diplômée en art, elle abandonne une carrière de peintre pour l’écriture. Elle publie en 2002 un premier roman remarqué, Quand l’empereur était un dieu, inspiré de la vie de ses grands-parents. Elle évoque un épisode méconnu de l'histoire américaine, ces camps où, après Pearl Harbour, furent parqués les Américains ou migrants d’origine japonaise, accusés d’être des espions. Son deuxième roman, Certaines n’avaient jamais vu la mer a été considéré aux États-Unis, dès sa sortie, comme un chef-d’œuvre et a reçu le Pen/Faulkner Award for Fiction 2012.
ici le lien vers le site de l'auteur en anglais
Lecture proposée par Béatrice